Silence

Que faire de ce flot noir, insensé et fécond?

Comment se libérer des assauts incessants

Du malheur de penser, de vivre en émotion?

Quand s’envisage la somme de ce qui est à dire

Il n’est que le vertige pour oser la mission.

Pourtant demain, plus tard, il viendra bien le temps

Où j’aurai à briser les lourds cachets de cire

Qui musèlent d’artifices mes mots les plus profonds.

 

Préjudice que de taire, il faut parler dit-on;

Sans peur ni pudeur, se livrer au divan

Se raconter naguère, s’enivrer de questions,

Pour oublier enfin d’avoir à se maudire

Du bonheur de penser et de cette obsession

A vouloir tout traduire, même les sentiments.

Oui mais pour l’indicible, la fange des souvenirs 

Ce qu’il faudrait de haine ou de sublime pardon…

 

Je n’ai que le silence pour calmer mes tensions

Le mutisme obstiné m’offre un retranchement

Et je défie le ciel du fond de ma prison

De me donner les mots qui pourraient me suffire

A dévoiler sans fard l’obscur de mon poison.


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