Entre nous

De grâce Messieurs surtout ne le prenez pas mal

Mais il faut bien qu’un jour l’une de nous vous avoue

Nous sourions entre nous de vos attributs mâles

Toujours fiers et fougueux de s’attacher nos moues.

Il ne s’agit pas là de désavouer l’objet

Dont les talents ma foi nous comblent de bienfaits

Simplement le mérite que vous en dégagez

Nous amuse souvent bien plus qu’il n’y paraît.

Mais n’imaginez pas que nous soyons ingrates

A ce jour à ce jeu n’ayez pas de tourment

Au sujet du plaisir que nous procure sans hâte

Votre tendre harpon aux reflets nacres et blancs.

Que vous l’appeliez Sam, Popaul ou Prince Albert

Il est toujours pour vous sujet de déraison,

Tirant de ses prouesses une fierté singulière

Votre sensualité, l’air de toutes vos chansons.

Que vous soyez timide,  tendre ou bien polisson

Enclin au vice, meilleur ennemi de la vertu

Votre hallebarde luisante propice à l’émotion

Se targue de satisfaire nos désirs les plus crus.

Pourtant sachez Messieurs que malgré votre ardeur

Aucun de vous jamais ne sera plus habile

A mener une femme aux confins du bonheur

Qu’elle-même dans ses caresses ingénues et fébriles.

Qu’on m’arrache le cœur, qu’on aveugle mes yeux

Mais surtout qu’on me laisse le doigt du milieu !


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