La belle de Saint Guilhem

Sur le carrelage glacé de la petite chapelle

Ses bras étaient en croix, sa joue s’offrait au sol.

Elle avait les yeux clos et m’avait semblé belle

Toute à sa pénitence dans sa croyance folle.

J’étais là par hasard, profane vide de foi

Elle était pieuse et digne, si sûre de son choix.

 

De ce lieu si parfait où je reviens souvent

Elle avait fait son nid, y vivait ses serments.

Indifférente à tout, elle ne nous voyait pas

Horde d’âmes impies marchant à petits pas,

Dans la lumière sucrée ruisselante d’un vitrail

Tandis qu’elle y priait Marie aux saintes entrailles.

 

La chaleur estivale n’était pas parvenue

En cet endroit sacré, empire de sa vertu.

Telle une source vive éternelle et secrète

L’abbaye séculaire désaltérait l’ascète.

Je me souviens encore du chapelet d’ivoire

Roulant entre ses doigts, il hante ma mémoire.

 

Le cloître me rendit à mon destin païen

Mais je gardais longtemps au secret de mon sein

L’irrésistible envie de m’allonger aussi

Sur ces dalles froides et grises inconfortables mais qui

Me semblaient délivrer plus sûrement que l’amour

L’exquise sérénité qui lui servait d’atours.

 


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