Les fauves

On me dit « voyez vous ce sont des lions en cage

Ils sont dangereux et fous, attention méfiez vous

Est-il vraiment sérieux de ne rien faire à leur âge

Mais c’est la leur nature ils sont fainéants c’est tout. »

Devant ces anathèmes venus du fond des âges

Je me sens ridicule, noyée dans le dégoût

Une honte violente sonne mon désavantage

Mon silence est une rage stérile et sans atout.

Voyez les mots me manquent face à de tels outrages

Alors que tout en moi hurle : mais regardez vous !

Bien pensants orgueilleux vous faites tout un tapage

Vous plaçant en berger qui tremble devant les loups.

Depuis longtemps déjà est mort le moyen-âge 

Mais vos mentalités se traînent à genoux,

Cette jeunesse que votre haine retient comme en otage   

Sont les hommes et les femmes qui viendront après vous  Cette idée vous déplait, vous irrite davantage ?

Mais c’est la vérité, ils sont jeunes et pas vous ! 

Ils commencent leur vie à l’ère du chômage

Tandis que vous rêvez votre retraite sou par sou

Vous les fantasmez ivres de dévergondage

Ils ne sont que perdus face à l’avenir trop flou.

Vos angoisses les étranglent, les rejettent sans ambages

Au fond de leurs cités plus béantes qu’un trou

Et c’est sans ironie qu’ils tentent le mariage

Infertile et dément du rire et du tabou.

Les exclure de nous pour mieux les rendre sages

C’est en faire des fauves quand vous les voulez doux.

Quand ils poseront leurs armes et ravaleront leur rage

Alors que vous prierez pour qu’ils viennent à vous

Vous comprendrez peut-être ô combien c’est dommage

D’avoir hissé ces murs inviolables et jaloux.

Il ne sera plus temps alors de prendre ombrage

De leur indifférence, simple écho après tout.

Car la rancune n’est pas un sentiment volage

Ses racines sont profondes et se plantent tel un clou

Ce n’est qu’avec le temps qu’elle montre son visage

Monstrueux et mordant, elle rougira vos joues.


Écrire commentaire

Commentaires: 0