Il est vaincu le géant bleu!
Il s’est couché brutalement dans le jardin.
Trente années d’ascension dont il ne reste rien,
Que cette clarté trop vive qui arrive soudain.
Hier encore ce titan nous cachait des voisins,
Aujourd’hui ce gisant m’étourdit de chagrin.
Je me souviens de lui, petit arbre d’hier,
D’amour et de soleil il avait fendu l’air;
Fragile mais décidé à hisser sa bannière
Toujours plus près du ciel, l’Himalayen si fier,
Inoubliable héros du jardin de mon père…
J’entends encore les rires des enfants de nos âges
Grimpant pour se cacher au sein de son feuillage,
Plus personne désormais n’aura cet avantage
Cet allié bienveillant, cadeau du paysage.
Ce colosse admirable a fini son voyage.
J’enfouis dans ma mémoire son odeur végétale,
Et la douce illusion que ce monumental
À jamais se tiendrait en icône verticale.
Hélas mon prince de sève a maintenant fui le bal,
Mon coeur pleurera longtemps sa verte cathédrale.
Il ne s’est pas méfié des cruelles rafales
Autrefois si moqueur des brises amicales,
Tant de fois se bravant des tempêtes hivernales,
Mais celle-ci à jamais marque d’un point final
La splendeur du géant dans mon coeur sans égal.
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