J’habite entre deux rives
Sur un lambeau de terre arraché au courant.
ça m’est venu comme un vice, un délit flagrant.
Toujours au milieu, de tout, exagérément.
J’oscille entre deux âges
Ma jeunesse perdue, la vieillesse à venir
Et si je restais là, bifurquant l’avenir,
Qu’adviendrait-il de moi d’autre qu’un souvenir?
J’écris entre deux lignes
Déguisant mes aveux pour faire danser la rime
Et quand je prends la prose c’est un peu pour la frime,
Ma plume est infidèle pourvu qu’elle s’exprime.
Je vis entre deux livres
Les pages sont à jamais mon unité de temps
Certains comptent en saisons, moi je compte en romans.
Depuis que les Pagnol ont sauvé mes dix ans.
Je tangue entre deux mondes
Le confort d’être ici bien loin du bruit des balles
Mais la nausée parfois d’être sans idéal.
La certitude du bien et la beauté du mal.
Je rêve entre deux places
Au sein d’un lit trop froid pour y rejouer la scène
De l’amour pour toujours qui ressemble à la haine.
Déjà pour s’aimer soi, ce qu’il faut de semaines…
Je nage entre deux eaux
Dans le roulis des vagues aveuglée de soleil,
Ou sur le pur cristal d’un lac qui sommeille.
Qu’importe le décor pourvu qu’il émerveille.
Je ris entre deux larmes
Rien ne sert de gémir plus longtemps que la peine,
Il ne nous faut souffrir plus que la vie n’assène
Et jouir dans chaque souffle des joies même lointaines.
Je doute entre deux foi
Si sûre que rien n’existe, nous sommes seuls ici-bas.
Pourtant pour les revoir, plus tard, après, là-bas
Ceux partis avant moi, en quoi ne croirais-je pas…
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