Lorsque le temps, nuage après nuage, nous a mis comme en cave
On ne distingue plus les couleurs des saisons,
D’un éternel hiver on se fait une maison.
Les heures informes s’épuisent à nous geler les os
Éteignant de l’amour le plus léger écho.
Sur les jours et les nuits toujours le même silence
À hurler dans nos têtes sa lancinante chanson.
Toute beauté enfuie et l’âme devenue sage
Ne reste sur la peau que l’insulte d’un sillon
Creusé par nos errances, nos doutes et nos poisons
Il donne le plus court chemin vers la poussière
Au cas où le destin rendait le temps trop long.
N’être plus qu’un souvenirs sur des coeurs sans mémoire
Échardée de douleur assénée sans conscience
Qu’elle nous condamne aussi à de sombres matins.
N’être plus qu’un délire
S’offrir comme une image à une bouche affamée
Qui boirait son salut à la beauté du diable…
Il est si doux au fond le chaud de cette cave
Emmurant mes regrets et mon sublime chagrin
J’y boirai à mes larmes tout ce qui s’est éteint.
Mon coeur au ralenti et mon corps assoupi,
Et toi mon pauvre esprit qui refuse de te taire,
Qui refuse de dormir, qui refuse de mourir,
Toi qui te laisse atteindre par une voix dans la nuit
Écho dans ma folie d’une autre qui s’est tue.
Il te faudra choisir du confort de la cave
Ou d’une nouvelle danse offerte sur ma vie.
Et si tu t’épuisais, n’en avais plus le souffle
Si tu tombais encore, si tu perdais l’envie,
Respire, respire encore, demain est un défi.
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