La rentrée

Bien sûr on le savait,

Ça n’allait pas durer

Le sourire de l’été sur nos mines dorées,

C’était déjà hier.

Nous voilà ahuris, les vacances sont finies.

Mais quel est ce mystère du temps qui raccourcit

Ses heures dès que nous sommes au meilleur de nos vies?

Où vont tous ces cartables?

Je croise des enfants lourds comme le regret

Je vois à leurs paupières les mêmes fatigues cachées

Qui brouillent un peu mes yeux.

Ils sont encore sucrés de glace fraise et vanille

De fruits au goût juteux qui empoissent les mains

Mais la rivière est là pour nettoyer tout ça…

Ils pensent loin là-bas au château oublié, 

Citadelle de sable sur la dune dorée,

Est-elle encore debout alors qu’il faut s’asseoir

Ecouter, étudier…

Sentent-il combien derrière la façade,

Le maître lui aussi a le coeur en glissade.

Je regarde le ciel gris comme une tourterelle

Où est donc la lumière?

Je la croyais fidèle, elle était donc volage,

Elle s’est enfuie traitresse vers d’autres horizons

Nous restons seuls ici guettant vers tous les nord

La possible éclaircie.

La sonnerie du réveil a déchiré l’aurore

Oubliées les cigales qui chantaient sous l’azur

L’heure d’une première baignade, 

D’une nouvelle page ou d’un tour de marché…

Mais où courent tous ces gens cachés dans des gilets?

Moi-même sous mes bretelles je me sens frissonner

Quelque chose de l’air agresse un peu la peau

C’est humide et c’est froid, 

Bientôt les gouttes d’eau s’écraseront sur nos manches,

Nos bottes et nos capuches.

Hier c’était l’ombre qui couronnait nos voeux

À présent rien n’arrête cette eau venue des cieux.

Peut-être est-ce une grâce de ce jour maudit

Que de noyer nos joues sous des torrents de pluie

Afin qu’on puisse cacher la triste vérité,

La couleur de nos larmes les matins de rentrée…


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