Le monde en bleu

J’ai rêvé tous les bleus, des tendres aux audacieux

J’ai plongé dans l’azur, les chauds matins d’été

Aux aigue-marines limpides des ruisseaux facétieux

Ou turquoises alanguies, mer en intimité.

 

J’ai vu des bleus rieurs, cobalt ou majorelle

Caressé les soyeux, félins comme les bleus russes

J’ai appris les bleus durs, honteusement immortels

Nuance d’uniformes, tristes comme des stratus.

 

J’en ai vu des lavandes énamourés de rose

Des bleus de porcelaine fragiles et délicats

J’habille de marine mes vers comme ma prose

Plus pur que les saphirs du trésor des Incas.

 

J’ai surpris la pervenche jalousant l’indigo

J’ai vu des bleus layette rajeunir de vieilles dames

D’un trait de khôl anxieux qu’on ne le voit pas trop

Impuissante jouvence pour les bleus de leur âme.

 

J’ai dansé en bleu jean au creux d’anciennes nuits

Aujourd’hui mes rêves sages sont tout illuminés

Du céleste idéal, bleu du ciel d’Italie

Refuge inespéré pour mon âme surannée.

 

J’ai regardé les hommes aventurer le bleu

Femme comme un Matisse, triste comme un Picasso

La complainte de Klein fou comme un amoureux

Rond comme une voyelle sur l’autel de Rimbaud

 

 

J’ai connu tous les bleus, j’ignorais qu’un écrin

Infiniment précieux gardait tous et chacun.

Derrière les paupières fines d’un tout petit garçon

Ils se mêlent tour à tour accordant leur chanson.

Dans les yeux de Naël, ils vivent en famille

Ses rires et ses chagrins habillent ses pupilles

Irisant ses humeurs d’un tendre camaïeu

Bleu ciel ou bleu de Chine, tous les bleus de ses yeux.


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