Les mots en promenade

Certains soirs il bruine sur mon inspiration,

Les mots sont comme absents.

Ils me brûlent les paupières

Telles des larmes retenues.

Une torpeur singulière 

S’invite sur ma nuit.

Je veille, je les appelle

Comme on guette un ami.

Je supplie leurs merveilles

De me faire souci, 

Pour une rime ou un vers

Je ferais des folies, 

Déjà prête à souffrir

D’une cruelle insomnie.

Mais rien que la fatigue

Comme une lente agonie.

Parfois je m’effarouche

Je m’habille d’angoisse

J’imagine leurs murmures

Envolés à jamais.

Le vide, la solitude

Mon esprit infécond,

Sur mon coeur qui s’emballe, 

Mes rêves sont des poisons.

J’oublie de respirer

Pour quoi faire, à quoi bon?

C’est alors qu’il arrive

Dans un rayon de lune

Tranquille, ravi de sa promenade

Parfois même rieur

Tout content de sa farce.

Mon ciel, mon infidèle

Premier de ses semblables

Qui suivent en procession.

Enfin au creux du noir

Je peux enfin dormir

Mes mots sont tous rentrés

Ils sont à la maison.


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