Il paraît qu’avant toi le monde tournait déjà.
On dit même de moi que j’étais aussi là!
Mais je garde en mémoire une nuit de novembre
Où c’est moi qui suis née à finir de t’attendre.
J’ai brûlé mes vingt ans pour te donner la vie
T’imaginer demain qui arrive aujourd’hui,
Avec pour seule lumière l’indulgente étincelle
De l’amour d’une mère, réservoir éternel.
Les heures chaudes et tendres de mon petit garçon,
Les as-tu en souvenir maintenant que pour de bon
C’est moi qui lève les yeux pour croiser ton regard?
Ne crains rien elles sont là, vaillantes à mes amarres.
Aujourd’hui je ne suis plus la seule de tes aimées
Et tandis que ta main caresse d’autres projets,
La mienne fervente sénile n’a jamais renoncé
À te saisir doucement pour te faire traverser.
Mais il se peut qu’un jour des larmes viennent à pleuvoir
Sur tes joues d’homme rasé qui n’a plus peur du noir.
Alors mon fils ce jour comme avant, comme après
Tu n’auras qu’à paraître, sonner à mes baisers.
Je me souviens bambin tu m’offrais tes chagrins
Afin que ma magie n’en fasse des petits riens.
J’épargnerai toujours un peu de mes pouvoirs
Pour te faire la vie belle mon fils mais sans espoir
De parvenir à rendre la moitié ou le quart
Du bonheur d’être celle qu’à nulle tu ne compares.
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