J’ai mémoire d’une rose depuis longtemps fanée
Qui me l’avait offerte et en quelle occasion
Rien n’est resté en moi de ces vieilles effusions
Que le souvenir pâle de cette fleur satinée.
Du rose presque blanc qu’elle fut en son bouton
Les heures pour elle dernières l’avaient ourlée de mauve
Un matin elle s’offrit éclose en abandon
Sublime, résignée à ce que rien ne la sauve.
Du temps sous mon regard que fut son agonie
Elle ne fut que splendeur, arôme et harmonie
À force de s’ouvrir, de s’offrir, de lutter
Ses pétales un à un perdirent leur dignité.
Je l’ai vue disparaître par mon plaisir piégée
La nature naïve n’a pas envisagé
L’ insasiété des hommes à vouloir posséder
La beauté à loisir sans juste regarder.
Elle aurait du prévoir une défense plus farouche
Pour ces belles alanguies aux odorants carmins
Plus fort que le regret de celui qui les touche
De les savoir mourir aussitôt qu’en ses mains.
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