Raphaël

De ta si petite vie d’à peine plus d’un été

Je cherche des souvenirs, un chagrin du passé,

Un recoin de ma tête où tu serais caché,

Ou l’écho de ton rire niché dans ma mémoire.

Mais j’étais petite fille, tu ne fus qu’un bébé,

La promesse fugace d’une tendresse à venir,

Et la complicité qui devait nous unir

Pour longtemps ou toujours nous serait un ciment.

Mais tu n’eus que des jours pour peser sur ma vie.

Pourtant regarde-moi à des dizaines d’années,

Ces lignes pour raconter cette saison de naguère

Où tu étais mon frère pas encore envolé.

Pour ta courte moisson je suis reconnaissante

Que tu aies pu cueillir un si joli bouquet.

Tu as connu le doux des caresses, des baisers

Le souffle dans ton cou des secrets murmurés.

Tu as vu que le jour chaque soir disparait

Pour le confort des hommes à l’heure de rêver.

Tu as su la chaleur, le plaisir, la confiance

Sur le sein de ta mère, repu et apaisé.

Tu as connu le chaud du soleil sur ta peau

Et le câlin de l’eau qui coule dans le dos.

Tu as su le bruit des vagues et des cigales

Le bleu du ciel et le vert des feuillages

Le parfum des fruits mûrs au coeur de juillet.

Tu as su la musique, la force de l’orage

Tu as connu la pluie qui ruisselle aux fenêtres,

Tu as connu la sieste et les petites balades…

Puisque tu as eu froid, puisque tu as eu chaud

Puisque tu as eu faim, puisque tu as eu soif

Puisque tu as eu peur, puisque tu as eu mal

Que le monde a tourné sur tes rires et tes pleurs

Même si ton innocence préparait le malheur,

Que contre toute raison le temps t’était compté

Ton existence valut autant qu’un siècle entier,

Rien qu’un pas dans la danse fait partie du ballet…

Sur la petite pierre blanche qui te cache à présent

Je vais certains dimanches caresser ton prénom.

Quelques lettres dorées qui ne pèsent maintenant

Pas même sur mes souvenirs, à peine sur mes chagrins

Pas vraiment une absence, juste un léger regret,

De ne savoir de toi que des photos jaunies

Miroir dans ma conscience d’une phrase un peu folle

Dans la voix de ma mère « Il est parti au ciel »


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