Un monde trop grand

Mes rêves d’ailleurs sont infinis
Quelle farce que la petitesse de nos vies
Quand il conviendrait d’une entière
Juste pour respirer l’Italie…

Je frissonne le Baïkal dans l’air vif du matin
Le traineau qui m’emporte, au secret des fourrures
S’agace de glissades dans cet hiver sans fin
Le vent à mon oreille chuchote les tsarines.

Au Cap les manchots me font présentation
De ce continent mère de notre humanité
Qui l’insulte aujourd’hui de son indifférence
L’Afrique est un mystère autant qu’une évidence.

À l’heure du plein midi Santorin m’éblouit
Toute nimbée d’azur, de soleil et d’écume
Elle m’invite à la sieste pour mieux rêver l’antique,
L’Égée et ses promesses de fraîcheur cristalline.

Quand la ville m’étouffe et rétrécit l’espace
Je traverse l’Atlantique m’offre le Montana
Au calme des Rocheuses les pêcheurs à la mouche
Chantent encore dans le soir la gloire de Sitting Bull.

Je me rêve partout et de toutes les humeurs
Sainte à Jérusalem ou légère à Rio,
Un peu ivre à Bali ou à Valparaiso
Ingénue sous les fleurs des cerisiers de Tokyo.

Je ne lis pas dans les astres ni en aucun cristal

J’ignore par quels nuages voleront mes bagages

Combien d’années encore s’offrent sur mes départs

Flâneries d’un monde trop grand pour aussi peu de temps…


Écrire commentaire

Commentaires: 0