Matin de sommeil

Rendors toi mon amour,

Sur ma bouche.

Je veille sur ton sommeil

Rien ne peut t’arriver

D’autre que les merveilles

Que je vais te souffler. 

Juste sous ton oreille 

Au plus doux de ton cou.

Nous ne serons plus que nous

À danser dans ton rêve,

Nous partirons si loin 

Que même tes souvenirs

Se feront oublier, 

Nous visiterons le ciel

Je ne lâcherai pas ta main.

On survolera Venise 

De nos draps de satin,

Tu entres en gourmandise

De nous au petit matin.

Plus tard entre tes cils

Je glisserai mon destin,

Je me ferai docile

Pour boire à tes chagrins,

J’en tarirai la source

Assècherai son venin

Et je laverai ma peine

À ta plus belle larme.

Je ne vais pas m’enfuir

De l’enfer de tes reins,

Je vais poser ta tête

Au confort de mon sein.

Tu tressailles, tu sursautes

Quand je te dis demain

Mais chaque jour est un autre

Un pas pas sur le chemin.

Tu rêves encore, tu rêves

Et moi je te rejoins,

Pour nous donner la fièvre

Je frôle ton quotidien

D’une caresse impatiente,

Que tu t’éveilles enfin.

Plonge dans mon azur, 

Enlève ton armure

Tu n’en as plus besoin.

De moi qu’as-tu à craindre,

D’où je suis revenue

On revient sans mystère

Sans vice et sans vertu.

Je ne fais plus la guerre,

Mes flèches ont disparu

Brisées dans la poussière

De tout ce temps perdu

À regarder la mer

Sans voir sur l’horizon

Ce port, cette frontière,

Le toit de ta maison.

Réveille-toi mon amour

Laisse mourir tes songes

Ils ne seront jamais 

Plus extraordinaires

Au regard de mon front 

Blotti dans ton épaule…


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