Le monde comme il va

Il ya maintenant presque un siècle déferlait sur le monde l’idéologie nazie. Avec elle la barbarie, la négation de l’humanité, le pire du pire… Ce pan d’histoire porte intrinsèquement  « l’extraordinaire » de la condition humaine qu’il est encore difficile aujourd’hui de penser rationnellement, encore plus de comprendre tant elle est impossible à appréhender hors de nos sphères émotionnelles rendant quasi inenvisageable toute tentative de comparaison. Tout au plus quelques ersatzs du mal nous interpelle quelquefois sur la possibilité de résurgence du chaos. Les Vladimir, Bachar ou autre Recep nous piquent de quelques rappels nous confrontant à une réalité du monde actuel qui tient en éveil nos vieux rêves démocratiques et quelques esprits humanistes.

 

Car ce monde quel est-il? Nos sociétés occidentales se repaissent d’une période de paix inégalée dans l’histoire, c’est faire peu de cas de l’autre moitié du monde qui, elle, est à feu et à sang. Mais l’ultra libéralisme a changé la donne. Il a fait de nous les complices consentants puisque bénéficiaires, de façon ô combien pernicieuse, de sa monstruosité. Notre société moderne broie de l’humain au quotidien non plus par idéologie raciale, par la haine ou la folie d’un homme, mais juste pour le profit de quelques uns. On nous abreuve régulièrement sur toutes les chaînes d’infos chargées de nous apprendre ce qu’il convient de penser que les huit milliardaires les plus riches du monde détiennent autant de richesses que la moitié de la population mondiale la plus pauvre. À savoir environ trois milliards de personnes! Sidération, offuscation et détournement du regard immédiat devant cette situation qui nous dépasse autant qu’elle nous culpabilise et nous arrange puisque nous en sommes tous les bons petits soldats. Tous bidasses de la société de consommation qui nous chérit tellement, qu’elle invente pour nous nos nouvelles envies toujours plus fortes et plus nombreuses au fil de leur assouvissement, au point qu’elles ne meurent plus sur nos hontes. Sommes-nous donc si peu des êtres d’ empathie? Je ne le crois pas. Nous ne sommes que les êtres conditionnés d’un modèle exécrable mais si confortable. Et le confort quoiqu’on en dise nous est bien agréable même s’il se paie sur le dos d’autres humains, ils sont si loin n’est ce pas? Grave erreur. Il se paie directement sur le nôtre à coup de pollution, de désastre sanitaire, de mal bouffe, de précarité ou de catastrophe environnementale. Mais là encore soyons francs, cette planète qu’il nous faut sauver ne nous intéresse nullement. C’est bien le destin de notre espèce qui nous inquiète. La planète, elle, serait sans doute fort aise d’être débarrassée de ce drôle d’animal, si malin, si pétri d’intelligence et si peu enclin à la mettre au service d’autre chose que sa propre destruction. Alors sauver le monde? Mais lequel et pourquoi? Si ce n’est que dans le but de conforter quelques uns d’entre nous dans leur position de jouissance à soumettre leurs semblables à leur seul profit tout en dévastant tout ce qui fait de cette terre un bien d’une exceptionnelle valeur, je m’interroge sur le mérite de cette urgence. Pas sûr que les éléphants ou les ours polaires n’aient pas un avis sur cette nécessité…

 

Comment en sommes-nous arrivés là?

J’imagine que l’éducation, l’accès à la pensée et à la culture est tout à la fois le désastre et la clé du problème. Les Lumières ont vécu. Au regard de l’histoire elles n’auront été qu’un état de grâce fracassé sur l’autel du pouvoir d’une élite insatiable qui a vite compris le danger, de laisser les individus accéder au savoir et à la connaissance, pour ses propres privilèges. Ainsi de la même façon que les jeunesses hitlériennes ont endoctriné toute une génération dans une idéologie du chaos, aujourd’hui notre système éducatif nie toute forme d’accès à la liberté individuelle issue d’une capacité à réfléchir le monde non pas tant que source de richesse potentielle mais plutôt comme un bien commun qu’il conviendrait de faire valoir, de défendre et de rendre cohérent pour le plus grand nombre dans le respect de leurs différences et de leurs identités propres et leurs altérités. De ce point de vue, l’asservissement des uns à l’appétit des autres ne saurait proposer un modèle viable. Certains l’ont bien mesuré et utilisent donc un contre exemple qui nous maintient dans ce monde toujours plus violent, plus toxique et plus inégalitaire. Pour ce faire le système est bien rôdé. L’imbécilisation des masses est une arme puissante visant à la déculturation et à la plus facilitante manipulation des individus. Il n’ est plus besoin de jeter les hommes dans des fours, contentons nous de leur empêcher l’accès au respect d’eux-mêmes et de leur environnement, ils viendront alors de leur propre volonté manger à la main de ce qui les tue. Élevons nos enfants à grand renfort de télé réalité et de jeux vidéos afin qu’ils deviennent ces adultes malléables sans revendication, sans espoir ni révolte. 

Un monde de crétins, élitiste et stérile, hybridation diabolique du libéralisme et du capital qui promet encore un avenir radieux à des classes dirigeantes toujours plus voraces et qui n’a plus à se salir les mains.


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