J’ai volé un nuage à un ciel d’azur rose
Ma tendresse lui fait cage et mes larmes l’arrosent,
J’ai beau lui murmurer que je veux vivre encore
Au chaud des paysages visités quand je dors
Je sens que ce voyage touche bientôt à sa fin
Il me faudra rentrer ce soir ou bien demain.
J’ai bouleversé une fleur tout à l’heure au jardin
Si belle à peine éclose jeune de ce matin
Demain elle sera morte, la pauvre qui ignore
Le temps sur son destin cruel comme un sort
Jeté du fond des âges par un dieu diabolique
Insensible au velours d’un pétale magnifique.
J’ai caressé le temps que je croyais perdu
Lui ai confié ma peine, il est tombé des nues
Qu’on puisse s’imaginer pouvoir le retenir
Le fait fuir dans le vent et un éclat de rire
Nos amours, nos espoirs, nos secrètes illusions
Il s’en fait des trophées, j’ai vu sa collection.
J’ai défié le soleil à grands coups d’émotions
Ai provoqué en duel le feu de ses rayons
Pour son âme infidèle qui brille toujours ailleurs
Brûlant parfois ma peau sans me chauffer le cœur
Il n’eut que du mépris pour mon esprit jaloux
Indifférent et fier, libre d’aimer partout.
J’ai murmuré des mots à l’oreille d’un géant
Sa réponse en écho s’est maquillée de vent
Tornade dans mon dos pour me faire avancer
L’horizon de ma vie à grandes enjambées
Moi qui ne sait courir que poussée par la peur
J’ai dû sans réfléchir ne plus regarder l’heure.
J’ai soupçonné la pluie de rire à mes dépens
Son sourire d’arc en ciel se moquant gentiment
De mes songes indociles et de ma liberté
Payée à prix coûtant de remords, de regrets
À m’émouvoir encore malgré le temps qui passe
Sur la beauté du soir quand la journée trépasse.
J’ai supplié l’amour de me faire un enfant
Mes bras comme un berceau au repos d’un amant
Il a dit: ne sais-tu que je ne suis qu’imposture
Il faut être bien fou pour tenter l’aventure
Mais si tu t’y prends bien je te donnerai ta part
Et alors tes matins brilleront comme des phares...
J'ai tenté tant et tant pour me trouver une place
Où les heures seraient longues et le chagrin fugace
N' y a-t-il que la lune pour m'offrir un asile
Où je pourrai poser mes humeurs fébriles
Mon regard sur le monde porté d'un peu plus haut
M'émerveillerait peut-être de le voir si beau.
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