Est-ce que l'on t' a fermé les yeux, a-t-il fallu en arriver là?
Dans ta chute insensée t'est-il resté assez de force
Pour clore ton regard une dernière fois?
Puisque je ne sais rien de quel fut ton trépas
J'essaie d'imaginer ce qu'il advint de toi.
Je n'ai pas tout pardonné, je n'ai rien oublié
Mais ta fin de cauchemar je ne l'ai pas souhaitée.
La somme de souffrances qu'il me faut calculées
Jusqu'à ta délivrance me questionne à jamais.
Quel virage de brouillard n'as-tu pas vu venir
Pour hasarder ta vie sur les chemins du pire?
Que pouvait-il y avoir au fond de ces bouteilles
Que tu ne cherches à fuir ou bien à exprimer?
Se peut-il finalement qu'il n' y ait que des regrets?
Aurais-je eu le pouvoir si je l'avais tenté
De te rendre un espoir et aurait-il suffi
À t'éloigner du trou, te ramener vers la vie?
Peu importe aujourd'hui je ne saurai jamais
Ce qu'il eut fallu faire ou dire ou même taire
Ton secret t'appartient de toute éternité.
Je ne sais même pas ce qui t'est arrivé.
Les indices d'épouvante que tu nous a laissés
Sont pauvres d'espérance sur ta sérénité.
Du fond de mon confort, je n'avais pas idée
Qu'on mourrait de misère si près de mon quartier
Et que tu fus mon père n'y pouvait rien changer.
Mais enfin ce néant l'as-tu organisé
Es-tu tombé dedans ou l'as-tu recherché?
As-tu appelé au secours ou t'es-tu fais discret
Pour mourir sans amour, sans laisser de regrets.
Ou au contraire peut-être voulais-tu te venger
Nous hanter de questions, de culpabilité
C'eut été bien cruel mais on ne sait jamais...
Maintenant que tu reposes à l'ombre d'un rosier
Je pense qu'après tout on aurait pu s'aimer.
Si je savais prier j'implorerais pour toi
Le calme et le silence, la force de l'oubli
Peut-être une autre chance dans une prochaine vie.
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