Sur ses yeux sombres et chauds comme les rives du Bosphore
Son regard d'aigue-marine veille comme sur un trésor,
Dans ses cheveux d'ébène elle soupire des secrets
Et de ses mèches de miel il s'invente des projets.
À son coeur de métal elle apprend la tendresse
De son coeur de cristal il se fait une adresse,
Il vit dans la lumière du soleil en été
Elle habite tous les gris que le ciel peut compter.
De sa peau de cannelle elle panse les blessures
De sa blancheur de lait il fendille l'armure,
Il parle haut et clair d'une voix un peu chantée
Elle murmure, elle chuchote des mots un peu cachés.
Il n'a que sa fureur pour regarder le monde
Elle n'a que sa douceur caressante comme l'onde,
Il regarde le couchant tomber sur la colline
Elle arpente les pavés de sa vie citadine.
Sur son sommeil d'enfant au souffle ralenti
Elle veille de toute la force de ses chères insomnies,
C'est au chaud de la courbe ronde de sa hanche
Que gracile et frileux il attise ses dimanches.
Ses baisers sont sucrés comme la gourmandise
Quand il fuit comme la peste la moindre friandise,
Elle regarde l'horizon, envisageant demain
Il ne sait pas compter plus loin que le matin.
Elle cherche le paradis pour ses rêves d'artiste
Il bataille en enfer ses rêves idéalistes,
Du monde et de la vie il s'inflige la violence
Alors qu'elle leur impose son mépris, son silence,
Elle farandole ses jours en perles d'émotion
Il caracole l'amour à grands coups d'éperon...
Ils ne sont que contraires, opposés, différences
Mais leurs mains qui se touchent sont comme une évidence,
Et quand dans le matin ils se donnent un baiser
Durant quelques secondes ils sont l'éternité,
Ils ne forment plus qu'un et le monde est changé.
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