Je pars chercher un ciel secret comme un destin,
J’y déposerai les folies et les bombes
Lui confierai mes peines et reprendrai chemin
Sans avoir à porter plus lourd que l’insouciance.
Je pars dire à la lune combien sous sa lumière
J’ai vécu des heures floues à m’en clore les paupières,
Sur le temps suspendu d’un baiser
J’ai senti dans mon cou pleurer l’éternité.
Je pars noyer ma peur au fond d’un océan
Inconnu et paisible, ses eaux pourpre et safran
Engloutiront le mal, les cauchemars des enfants,
Ses vagues me porteront jusqu’aux rives d’une île.
Je pars cueillir une fleur aux portes du paradis
Elle aura la senteur des heures de plein midi,
Quand les femmes sont lascives
Tandis que les hommes rêvent à l’ombre du tilleul.
Je pars sur un bateau sans boussole et sans voile
Je me laisserai conduire au brillant d’une étoile,
Plus libre que l’albatros,
J’oublierai les sanglots des hommes dans le chaos.
Je pars souffler les cendres d’un volcan mal éteint
Je cacherai qui je suis au noir de sa poussière,
Brûlant mes souvenirs
Blottie contre son flanc, je dormirai enfin.
Je pars un jour de pluie pour sauter dans les flaques
Eclabousser de boue le doute et la misère,
Leurs faces mouchetées de honte
N’auront rien à attendre de moi, de mes prières.
Je pars chercher fortune aux confins de la terre
Mon trésor est de vent, d’écume et de rosée
De couleur du couchant, de matins saupoudrés
D’arcs-en-ciel géants et de givre bleuté.
Ne me cherchez donc plus, je suis déjà partie
Mon voyage commence, je reviendrai un jour
Vous dire les paysages, mes poches seront pleines
De bonheur pour chacun et mon âme sereine.
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