Être jeté au monde à chaque nouveau matin
Tout encombré des brumes de nos rêves mal éteints,
Arracher à chaque aube juste assez de lumière
Pour avancer encore, pour reprendre chemin.
Dans nos souffles égarés la vie nous lance défi
De surmonter la peur, la fatigue, l'ennui
Amours sanguinolentes et souvenirs enfouis.
Lutter, lutter si fort pour s'ouvrir les paupières
Comme on s'ouvre les veines d'un chagrin trop immense.
Résister vaille que vaille à l'immonde tentation
De la sublime absence bleutée comme un vitrail,
Aguicheuse comme le soir sur nos sommeils pourpres.
S'indifférer du temps, diable de vanité
Lui objecter l'orgueil, l'élégance du regret
Par l'envie d'un sourire pétri d'insuffisance
Mais d'une humanité d'une grâce insoupçonnée.
Traquer en chaque instant l'aumône d'une joie,
Faire patienter le marbre au désir d'un baiser.
La faim nous porte secours, nous invite à l'audace
De vivre encore un jour au lit du temps qui passe
Filant sur nos parcours tels les vols d'hirondelles
Qui réveillent toujours nos espoirs de soleil.
Et se laisser convaincre que tout reste à venir
La possible harmonie, le meilleur et le pire,
L'inavouée espérance du lendemain qui chante
Tyrannise en secret nos âmes convalescentes.
Chaque aurore nous trahit, d'un soupir, d'un frisson
La cruelle illusion d'une ombre sur l'horizon
Promesse du destin qu'IL reste à accomplir
Avant de renoncer, avant d'être vaincu, accepter de partir.
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