As-tu l’ouïe assez fine pour mes mots de silence?
Caresseras-tu ma peau sur mes heures brûlantes?
As-tu assez de lune pour fermer mes paupières
Quand mon noir est trop sombre, quand je nous fais la guerre?
Et quand je disparais, je me cache, je me terre
Quand je n’ai plus de mots, que des bribes de poussière…
Auras-tu la patience d’attendre mon retour,
As-tu assez d’envie, as-tu assez d’amour?
As-tu assez de larmes pour pleurer mes chagrins
Ou éteindrai-je ta flamme au sel de mes douleurs?
As-tu assez de force pour m’aimer sans comprendre
Les sourires évanouis, les soupirs et les doutes
Ou te perdrai-je un soir sur le bord de ma route,
Usé de ce voyage au bout de mon enfer
Deviendrai-je pour toi une colère, une chimère?
Quand mon âme s’étiole chercheras-tu à m’atteindre
À rattraper ma main, à encore m’étreindre?
Auras-tu ce courage de toujours me vouloir
Quand je ne suis plus rien qu’une goutte de désespoir?
Et si je m’indiffère, si je casse le fil
M’attacheras-tu encore à un lien plus solide
Au battement de ton coeur échardé d’impuissance?
Et si je ne suis plus belle, et si je ne sais pas tout
Si je ne suis pas celle que tu croyais connaître,
As-tu assez d’étoiles pour t’éblouir encore
Malgré les soubresauts de mon insuffisance?
As-tu assez d’azur pour éclairer mon ciel
Quand l’orage sous mon front déchaîne ses tempêtes?
As-tu assez d’été pour chauffer mes hivers
Et assez de musique pour chanter mes cantiques?
As-tu assez de pages pour m’écrire tout un livre
Une histoire merveilleuse à donner l’ envie de vivre…
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