Les absents

Les absents sont des mondes où flottent nos souvenirs,
Leur danse de brume
Nous enlace au hasard dans le secret désir
De retrouver leur voix, de respirer leur peau.
De savourer leurs joues, de caresser leurs dos.
Ils sont de chaque instant,
La poussière sur un cil,
Qui perlera au soir sur nos heures intimes.
Dans un soupir de souffre les voilà qui reviennent
Avant qu’à chaque fois le piège se referme.
Ils nous laissent assoiffés, plus seul qu’à l’heure dernière
Vides jusqu’aux entrailles
Plus nus qu’au premier jour.
On balbutie leur nom d’un espoir chimérique
Mais le même silence toujours comme un écho
Résonne dans la nuit d’un frisson furibond.
Sur le froid des statues parfois à contre-jour
On les voit nous sourire,
Puis la lumière change, ils ne sont déjà plus
Qu’un peu d’éternité fuyant à contre-amour.
Aucun oubli jamais ne nous fera la grâce
De les laisser dormir ailleurs qu’en nos chagrins.
Et sur le temps qui bruine et sur le temps qui passe
Ils sont les hirondelles de nos petits matins.
On les entend rire quelquefois
Dans les secondes malhabiles des langueurs du réveil.
Ils sont là. Aussi sûrement qu’autrefois,
Aussi lourds de notre amour qu’au temps de leur présence
Le miracle accompli de nos vaines prières.
Mais vient toujours l’instant de lever les paupières
Sur le cruel néant, la laideur de l’absence...


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