Mon cœur d'artichaut s'est frotté les ailes
À des mains, des dos.
Dans le gris du soir ou les bleus matins
Tombé du trottoir ou dans du satin.
Mon cœur porcelaine s'est chauffé les os
Au plafond d'azur d'un ciel italien
Juste avant la foudre
Promesse de chagrin.
Mon cœur de pirate a vogué les flots
Pour des nuits dorées comme des butins
Volés à l'écume
Au large, au lointain.
Mon coeur d'hirondelle est revenu dormir
Dans le même hôtel des hivers sans fin
Caresses clandestines
Des heures bleu marine.
Mon cœur de papier s'est brûlé la peau
Au feu de brasiers déguisés de mots.
Chuchotis d'étoiles doux comme une promesse
Filant dans la nuit vers une autre adresse.
Mon cœur minéral s'est frotté les mains
De baisers volés à un assassin
Avant de s'enfuir danser sur la peur
D'un possible amour
D'un trop grand bonheur.
Mon cœur de ballerine a valsé le temps
Ne trouvant refuge qu'en l'instant présent.
Le temps d'une chanson est un horizon
Plus beau qu'un toujours
Plus loin qu'un demain.
Mon cœur de poussière s'est mouillé les yeux
D'un rai de lumière devenu trop pâle
Pour s'en éblouir sans s'y faire trop mal.
La lune quelquefois est d'humeur maussade
Et cherche querelle aux amours nomades.
Mon cœur de guimauve s'est noyé d'alcool
Pour mettre à ses armes un peu de chaleur,
Au goût de ses larmes une tragique saveur.
L'ivresse console des heures à venir
Ce pont des soupirs
Vers les souvenirs.
Mon cœur en sursis s'est taillé les veines
Pour faire moins de bruit
Pour briser ses chaînes.
C'était mal connaître le cycle des saisons
Que d'imaginer comprendre ses raisons.
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