La cascade

J'ai marché le sentier qui mène à la cascade

À la fraîcheur de l'ombre glissante sur les pierres sans âge

J'ai mis mes pas dans les tiens.

À l'eau venue de loin pour tomber en riant,

J'ai murmuré ton nom, j'ai raconté ta peau.

Elle se rappelait de toi, du temps de ta jeunesse

Où tu étais venu chercher dans ses eaux folles

L'oubli des heures de violence et de désillusion.

Le soleil ces jours-là devait comme aujourd'hui 

S'attendrir des eaux vertes languissantes à son baiser.

J'ai imaginé tes frissons au froid de la morsure

De ces gouttes de cristal claires et pures

Sur ton corps adolescent.

J'ai souri à ton image d'hier

Retenu l'envie folle de prendre dans mes bras

Ce souvenir parfaitement inconnu de ma mémoire.

Tu n'étais qu'un enfant venu laver sa peine

À ce coin de nature tendre et joyeux

Comme une scène de mariage en campagne.

La mariée si belle sous son voile de gouttelettes de diamant

Éblouissante dans sa robe minérale 

S'offrant impudique aux caresses de son époux de feuillage.

Quelle tendresse à l'époque faisait battre ton cœur?

As-tu entendu dans le chuchotis des éclaboussures 

La promesse de mon amour à venir.

Les clapotis ont-ils la prémonition des femmes aimantes?

J'ai demandé à la cascade de me confier ce qu'elle avait gardé de toi

La couleur de ton chagrin d'alors

Je l'ai coloré d'or, rangé sur mon destin

Pour qu'il quitte à jamais les bords de tes chemins...


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