Tiens prends, tout est pour toi
Mes bouquets, ma musique et le grain de ma peau.
Prends, qu'il ne reste rien
De ce que je suis,
De tout ce que j'ai.
Prends mes silences et mes crépuscules
Mes mots soucieux comme des virgules
Prends mes rires étouffés
Et mes bouderies d'enfant.
Tiens, pour toi aussi mes cauchemars
Et mes incertitudes,
Mes soupirs et mes habitudes.
Prends la lune quand elle est pleine
Prends la pluie et le vent d'Ouest,
Prends la laine de mes manteaux
Et les plumes de mes chapeaux.
Tout, prends tout,
De mes colères à mes illusions
Et mes prières et mes chansons.
Prends aussi mes espoirs
Mes victoires sur le soir,
Mon désir, mon plaisir
Et mes mains dans ton dos.
Prends mes fureurs et mes pardons
Toute la gamme de mes émotions.
Prends tous mes souvenirs
Mes rêves, mon horizon,
Mes envies de partir
Mes allers, mes retours
Prends mes nuits, prends mes jours
Mes courbes et mes contours.
Tiens, il reste mes livres
Précieux comme la joie de vivre
Mes pages et mes images
Mon ciel, mon paysage.
Prends le sucre et le sel
Les épices et le miel
Prends le rouge à ma bouche
Le bleu de mes prunelles.
Prends, puisque je te donne
La mer et l'Italie
La lumière et le marbre
Le soleil sur Vérone.
Prends l'hiver, prends l'automne
Le temps et les saisons
Prends aussi les mystères de mon inspiration.
Prends ma folie et ma raison
Et même le toit de ma maison
Emmène le chat et le pinson
Et toute ma collection d'étoiles.
Emporte ma vaisselle
Les verres, la porcelaine
Prends mes bijoux, mes aquarelles
Et le soyeux de mes dentelles.
Prends l'écume sur la mer
Et la source d'eau claire,
Prends mes nuits d'aigue-marine
Et mon encre de Chine
Mes extases, mes frissons
Ma bouche sur ta poitrine.
Prends tout, ça t'appartient
Que veux-tu que j'en fasse
Tout ça ne me sert à rien
Mets les dans ta besace,
A côté de mon coeur...
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