Le Baïkal

Il n'est aucun jardin dans aucun paradis 

Plus fleuri qu'un matin givré de Sibérie.

Des étoiles par milliers tombées d'un ciel de neige

Sur le lac de cristal ont refermé le piège.

L'hiver de son baiser a caressé l'eau claire,

Son souffle l'a figée d'un linceul éphémère

D'étoffe bleue miroir, pétales de flocon

De blancheur écarlate dans le dernier rayon

Epuisé de silence, heure du soleil mourant.

Le jour devenu fragile tremble sur la surface

Mais l'eau ne sourit plus maintenant que de glace.

Pourtant la vie dessous bruissante de bavardages

Des écailles et des branches, le miracle sauvage.

Tout autour sur les berges le ralenti des hommes

Engourdis de froidure, la saison les assomme.

Féérique banquise à la douceur de source

Qui invite les enfants, les amants et les ours

À quitter les isbas, la steppe et la taïga

À oublier Irkoutsk, le feu de la datcha

Pour piétiner le temps glissant dessous la nuit

D'un pas libre et crissant, de leurs geôles enfuis.

Sous la voûte étoilée à humilier la lune

Se délester du monde, du bruit, de la fortune

Et demander l'asile en cette cathédrale

De pureté et de paix sublime du Baïkal.


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