Regarde par la fenêtre, ils sont là par milliers
En flaques de soleil et en fleurs de givre,
Tous ces prochains matins qui t’attendent, qui trépignent,
Qui veulent déjà savoir,
De quelle secrète palette tu veux leur donner vie.
Tes jours seront-ils rouges comme une colère de lave
Ou d’un bleu si feutré qu’on dirait un conclave?
Orangé comme l’automne qui refuse de mourir
Ou vert comme un printemps affolant la prairie.
Réfléchis à demain, pour hier c’est trop tard,
Il t’a déjà trahi.
Tu trembles de tes erreurs et sur tes illusions,
Nauséeux de celui que tu ne seras plus,
Tu l’aimais bien au fond même s’il t’a déçu.
Accorde ton pardon à celui qui en toi
Tente juste de vivre en se trompant parfois
De livret ou d’orchestre pour son grand opéra.
À la vie, à la scène on est tous un peu las
De nos semaines rengaines qui deviennent des années.
Alors on se palpite, on s’ébroue, on s’en va
Lourds de mauvaise conscience pour ceux qu’on laisse là.
Ton sourire un peu triste s’effiloche de souvenirs
Comme des sables mouvants qui veulent te retenir,
Toutes ces heures de lumière qui t’avaient réchauffé
Ne sont plus que poussière sur ton âme fatiguée.
Laisse dormir tes remords, tes lacunes, tes regrets
Au creux d’une nuit sans lune ils seront emportés
Par un nouvel espoir habillé de cristal
Fragile sur tes paupières qui n’oseront y croire.
Comme un cheval blessé qui n’ose plus courir
Tu avanceras au pas d’une allure timide
Soupçonnant l’horizon de n’être qu’un grand vide.
Mais on se lasse vite de nos humeurs maussades
Dans l’odeur de la mousse ou la joie d’un enfant
Ton destin frémira.
Et puis un jour de pluie te prendra par surprise
L’écho de ton fou rire puissant comme un orage.
Tu jetteras au panier tes envies d’être sage
Et tu repartiras pour un nouveau voyage...
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