Perdre des soirs et des matins
Comme si le temps ne valait rien,
Ne rien y faire et s’y complaire
Se la couler douce, pierre sous la mousse.
S’offrir la course des nuages
Se caresser de leur promenade,
Un peu artiste, un peu nomade
Celui-là forme comme un chapeau
Cet autre est rose comme un museau.
Prendre un instant pour l’invisible
L’esprit serein, le cœur sensible
Comme si la vie durait mille ans
Et non la pause d’une virgule.
Intimider les heures qui passent
De nos folies, de nos audaces
Puisque tout glisse, puisque tout lasse
Se libérer du minuscule.
Faire des récoltes et des moissons
De minutes longues comme une saison
Savoureuses comme un silence
Enfin posé sur nos urgences.
S’abandonner à la paresse
À toutes les formes de tendresse,
Même forfait de sa jeunesse
S’illusionner de ses promesses.
Avoir vingt ans depuis toujours
Jouer sa vie, croire en l’amour,
Ne plus courir sur son parcours
Mais le cueillir au jour le jour.
Ne plus attendre après demain
Il arrivera bien assez vite
Et aujourd’hui le vaudra bien
Pour dire au plaisir qu’on l’invite
À venir rire sur nos destins.
Sur un sourire, sur une seconde
Laisser le monde à ses sanglots
Pour sa violence, pour son chaos
S’autoriser l’indifférence
Et un moment vivre au repos.
Traiter le temps de vieux complice
En l’épuisant d’heures délices
Lui faire ralentir sa course,
Et l’essouffler d’un faux mépris
Pour sa cruelle tyrannie.
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