Se dire je t’aime au creux de l’aube
Du bout des lèvres, du fond des yeux.
Pelotonné dans le moment du jour qui naît pour nous surprendre.
Dans le soupir d’un silence
Feutré d’amour et d’ignorance
Du temps qui fuit, lâche
De l’insuffisance de nos âmes
Petites libellules, craintives des mots de flamme.
Se dire je t’aime en plein midi
S’en faire un chant, s’en faire un cri,
Une victoire sur les ombres tapies derrière l’hésitation,
De nos colères hermétiques,
Nos solitudes hémorragiques.
Dire au grand jour son émotion
Et sur le tour de la question
Se faire l’aveu de nos glissades.
Se dire je t’aime juste pour le dire
Sans le prévoir, sans le mentir.
S’offrir le ciel lavé d’orage encore éclaboussé de rose
Se tatouer la peau, la chair et le sang
À l'encre bleue du sentiment.
À un ami, à un amant, à une mère, à un enfant
Confier la soie de sa tendresse
Et lui en tresser une adresse.
Se dire je t’aime quoi qu’il en coûte
À nos pudeurs inconsolables,
Comme un cadeau que l’on se fait, que l’on se rend
Sans en attendre de miracle.
Ce n’est qu’une fleur du bord de route
Mais à s’en faire des bouquets
On change le monde tout autour
Et le climat de nos cœurs lourds.
Se dire je t’aime au soir qui tremble
Encore une fois dire l’ensemble
De qui l’on est dans l’agonie crépusculaire.
Y fatiguer nos apparences
De cette berceuse d’antiquaire.
Puisque l’on aime et qu’il est tard
Autant se construire un rempart
De cette chance, de ce hasard , de la lumière de ce phare.
Se dire je t’aime sans circonstance,
Sans raison et sans occasion,
Sans besoin et sans inquiétude,
Ni par jeu, ni par habitude.
Le dire simplement pour le chaud
Que ça faufile au bas du dos.
Le dire tout bas, le dire tout haut
Jamais assez et jamais trop...
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