Je reviendrai

Je reviendrai.

Je reviendrai à pas de plume.

D’une encre de rosée j’écrirai tes souvenirs,

Je caresserai de mots la courbe de ton sourire.

Je reviendrai.

Te raconter hier caché dans un murmure

Écho d'un vieil automne de jeunesse et de vent,

Avant le temps qui file sur nos vides et nos rides 

Otage de nos folies, tyran de nos élans.

Je reviendrai.

Embuer tes matins 

De mots pour les cœurs lourds.

Je bâtirai des ponts de lettres et de virgules

Où te promener la nuit accompagné de lune.

Je reviendrai.

Poser sur tes remords mon pardon de velours.

Je ferai douter tes doutes 

De mes rimes ballerines gaies comme tous les pinsons.

Petits oiseaux moqueurs

Elles riront de tes peurs,

Te porteront de leurs ailes plus volages qu’un frisson.

Je reviendrai.

Te dire dans l'hiver le ciel de l'Italie,

Quand il n'est que lumière tombante comme la pluie.

Je te dirai la mousse, je te dirai les feuilles, 

L'ombre du plein midi qui inonde le sous-bois.

Je reviendrai.

Piéger tes heures de solitude 

Les sucrerai de vers, miel sur tes habitudes.

Je dirai c'est comme-ci,

Je dirai c'est comme ça,

J'ordonnerai la joie sur tes incertitudes.

Je reviendrai.

Violenter ta musique et humilier ta peine 

D’une berceuse nostalgique des notes de ton pays.

Je reviendrai.

Illuminer d'ailleurs le feu de tes chandelles.

Pour que mes lignes soient belles, je frôlerai le ciel,

Dans l’aube saupoudrée de pourpre et de garance 

Il sera le témoin de ma prose fidèle, 

Je serai la mémoire de nos heures d’insouciance.

Je reviendrai.

Attendrir tes audaces de soieries d'aquarelle, 

Pour pas que tu ne te lasses je glisserai des indices 

Serai le jeu de glace de tes instants caprices.

Je reviendrai.

Parfois pleurer le monde d’un ton rouge de colère. 

Je te dirai les hommes,

Je te dirai la guerre,

J’y opposerai l'amour et les fleurs et la mer,

Pour que s’aiment à jamais mes mots et tes prières...