Matin blanc

Il a neigé. 

La ville est belle comme une mariée,

Les enfants rient sous les cache-nez.

J’ai vu le jour hésiter à réveiller les hommes,

Les garder loin de cette beauté.

Retarder la souillure,

Leurs pas comme des injures,

Leur mépris, leurs voitures....

Dans la nuit fatiguée on aurait dit un bal

De jeunes flocons joyeux démunis d’expérience,

Tout à leur rêver de givre, ils n’étaient que la danse.

On aurait dit des perles, des plumes ou des étoiles 

Venues offrir au monde leur baiser de cristal.

J’aurais aimé piéger ce refuge de silence

Le garder en secret, m’en faire une confidence,

Mais même sous la neige le temps file et avance

Déjà le ciel au loin ravisait son ambiance...

Il a neigé.

L’aube blanche caressée de froid immaculé 

A fait glisser mon âme du côté de l’enfance,

Des matins chocolat à s’en faire des moustaches,

Et des bottines fourrées enfilées en urgence

Pour courir se livrer à l’impérieuse tâche,

De faire rougir nos nez à inventer une vie

Pour un bonhomme de rire scintillant de magie.


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