Bien sûr on a triché, on a mêlé nos corps
On a laissé nos peaux se trouver un accord
Et bien sûr ce fut beau comme une île au trésor,
Un repaire aux oiseaux accueillant comme un port
De vagues et de bateaux et encore et encore...
Bien sûr que ce fut chaud comme le contraire du Nord
Quand le soleil est haut et qu’on reste dehors
Têtus comme des taureaux face au toréador.
Bien sûr que dans nos dos, le courant en renfort
Charriait comme des roseaux nos doutes et nos conforts
On s’est laissés portés, on n’a pas fait l’effort
De craindre pour demain les regrets, les remords.
Bien sûr que ce jour-là l’avenir était mort
Nous n’étions que l’instant, le temps changé en or
Bien sûr que le plaisir nous a cueilli l’aurore
D’une douce pâleur piégée derrière le store,
Mais le monde n’était plus, rien d’autre qu’un décor
De vagues nous roulant de bâbords en tribords.
Bien sûr que secrètement on a jeté des sorts
À tous les chiens galeux qui aboyaient nos torts
De nous croire chanceux, d’avoir miser nos pores.
Mais de cette musique on a rempli l’amphore
Des souvenirs fiévreux qui reviennent quand on dort.
Bien sûr ce n’est qu’un jeu, une valse et alors?
D’autres meilleurs que nous n’ont pas tremblé si fort...
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