Juste là

Ce petit bout de ta peau,
Ce petit creux, ce petit pli.
Je vais m’en faire un paradis.
Ce sera mon secret ,
Ma source, mon insomnie.
J’y ferai pousser des fleurs à récolter le soir
Quand le cœur est trop lourd
Ou la nuit devenue noire.
Ce sera mon jardin, mon ailleurs, ma prairie
Ce sera le petit rien qui fait danser ma vie.
J’y déposerai les armes et le sel de mes larmes,
Ce sera ma cathédrale, mon billet pour l’enfer
Par le bout de mes doigts j’en ferai ma prière.
De toutes mes illusions je veillerai sur lui
Pour qu’il garde mémoire de tout ce qu’on s’est dit.
Ce sera le repère de mon itinéraire
Un phare pour mes orages,
Le sable de ma plage.
J’en ferai la musique
Quand elle vire au sanglot,
Sur mes heures tragiques
Ce sera le repos.
J’en ferai la lumière
Jalousée de soleil,
Sur mes heures magiques
Ce sera le bleu du ciel.
J’y cacherai des rubans, des sourires de dentelle,
Des mots doux, des accents pour te faire la vie belle.
Pour les jours trop chauds je deviendrai l’ombrelle
Caressante comme la pluie, l’eau fraîche du dégel.
J’y mettrai le jasmin, le safran et le miel
Les capiteux parfums, la gamme de l’arc-en-ciel.
Ce sera ma victoire, le feu de ma vengeance
Ce sera le sillon de ma ligne de chance.
J’y réfugierai le velours des roses de Damas
Échappées du chaos et de la barbarie,
Les cèdres bleutés du Liban
Et l’écho de mon rire d’enfant.
J’y cacherai nos soupirs
Essoufflés de désir,
Le nacre du plaisir
Qui me verra mourir.
J’y rangerai mon trésor,
L’or de tes prunelles
Quand elles tremblent un peu,
Ta main dans mes cheveux.
J’en ferai le retour
De toutes mes migrations.
Je pourrai m’y blottir, y perdre la raison.
Ce sera la chimère de toutes mes illusions,
Pour pas qu’il s’indiffère je deviendrai poison.
Je soufflerai la réplique, la concorde et la supplique
Ce sera beau comme l’antique, le marbre qui palpite.
Et les cieux rendus curieux se pencheront sur notre lit
Pour comprendre cette folie qui me fait vivre ici....


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