La souillure

La neige immaculée nous invite à danser
En sa salle de bal, cadeau improvisé
D’un ciel devenu si lourd qu’il lui fallût pleurer
Ses larmes de flocons fugaces d’éternité.
On hésite, on s’écarte, on refuse de souiller
De nos pas malhabiles ce rêve de pureté.
Quelle vaine précaution, quelle occasion gâchée
De n’être qu’un enfant ivre de liberté,
Léger comme un fou rire sur la médiocrité.
Car enfin ne sait-on que reviendra l’été?
Que ce manteau d’étoiles bientôt aura filé
Vers un autre horizon, en nos mémoires rangés.
Quel regret nous aurons de l’avoir méprisé.
Quand il sera trop tard pour risquer de glisser
Sur le miroir de glace tendrement proposé
À nos sages audaces, à nos plaisirs bafoués.
Nos peurs et nos scrupules nous interdisent l’entrée
À la vie pleine de grâce, aux heures enchantées
Piégées par nos grimaces et nos frilosités.
Vivons quoi qu’il en coûte à nos cœurs fatigués
Sans crainte des empreintes que nous pourrions laisser.
Elles ne sont que les traces de nos fragilités
Le contraire d’être lâche n’est-ce pas d’avoir osé
Le meilleur de chaque heure qui s’offre sous nos pieds?
Dansons sur la neige fraîche, il n’est rien à souiller
D’autre que l’évidence de ce qui est donné...


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