Je veux te manquer

Je veux te manquer.
Je veux mon vide à tes côtés
Je veux te faire l’hiver en plein été.
Je veux te manquer pour pas te lasser.
Je veux qu’on soupire
Chacun à un bout de l’absence.
Je veux maudire
Le temps qui court sur ta présence.
Je veux ton sourire à l’arrivée,
Je veux toujours les yeux mouillés
Sur tes départs à l’arrachée.
Je veux te manquer
Un peu, beaucoup, passionnément
Je veux sur toi le firmament
Cruel, immense, tellement trop grand.
Je veux de l’agonie, du souffle court
Je veux qu’on supplie le mot retour
Je veux avoir peur
Chaque fois que tu pars
De pas revoir ton regard.
Je veux devenir comme une urgence
Un concentré de préférence,
Je veux que tu me dises ça va aller
Je veux te manquer pour pas te lasser.
Je veux des nuits 
Nauséeuses comme des traversées
Longues à nous imposer le dégoût
De nos lits froids comme le marbre
Mortelles comme l’automne sur les arbres.
Je veux que tu penses
À mon sourire dans le soir
Rosé de fatigue et de doute
Que je retrouve pas ta route.
Je veux te manquer,
À ton attente me réchauffer.
Je veux soupçonner l’horizon
De t’étrangler comme une prison.
Je veux m’inviter dans tes pensées
À toutes les heures de la journée.
Je veux qu’on rage
D’impatience et de frustration
Qu’on se bouscule les émotions.
Je veux suffoquer
Rien qu’à l’idée de ta valise
Rien qu’à l’odeur de ta chemise
Rien qu’au cauchemar de ta traîtrise.
Je veux douter
De toi, de nous, de tout ce qui brise
Ne jamais tenir pour acquise
La vérité de ton emprise.
Je veux te manquer
Pour te gagner, pour te garder
Je veux te manquer pour pas te lasser.
Je veux qu’on pleure
Sur les jours qui glissent comme des heures
Sur les heures qui courent comme des secondes
Et sur tous nos instants volés.
Je veux te voir partir
Et me sentir un peu mourir.
Je veux qu’on court
Pour être les premiers à demain,
À faire se rejoindre nos mains.
Je veux qu’on prie
Les dieux, les diables et les sorcières
De nous sortir de cet enfer
De respirer loin de ton air.
Je veux des frissons
Je veux m’épuiser de questions
M’enfiévrer de contradictions
Et m’inoculer le poison
Aimer à perdre la raison.
Je veux trembler.
D’incertitude et de désir,
De solitude et de plaisir,
Je veux trembler pour pas me lasser.


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