Les cavaliers

Des cavaliers sans tête sont arrivés hier.

Ils l’avaient égarée aux confins d’une fête

Et semblaient peu soucieux de vivre sans raison,

Ils étaient si joyeux qu’ils masquaient l’horizon.

Ses peurs et ses tracas, nos vaines obsessions.

Leurs chevaux haletants témoignaient du voyage

Qu’ils avaient parcouru pour gagner mon rivage,

Je les ai bouchonnés de tendresse et de pain

Ils se couchés là dans le creux de ma main.

Leurs maîtres riaient toujours et chantonnaient l’amour

Qui tremblaient en leurs coeurs pour des dames de cour.

Mon Dieu qu’elles étaient belles ajourées de dentelles

Leur pudeur en exil à l’autre bout du ciel.

Alors j’ai demandé « Que faites-vous donc ici?

Il ne s’y trouve que moi, c’est bien peu de présence »

Ils ont dit « C’est pour toi, on vient pour que tu danses.

On est venu te dire: laisse dormir ta tête

Ne vis qu’avec ton coeur ou tu seras défaite.

Prends exemple sur nous, elle ne te sert à rien

Qu’à t’embrouiller la vue et à te lier les mains.

Si tu veux toi aussi rire vers tous les Nord

Il te faut faire le tour de ton âme et ses ports.

Tu y trouveras l’amour sur la peau d’un vaurien

Qui posera sur tes jours ses larmes et son destin.

Tu y trouveras de quoi nourrir tes appétits

Et la force qu’il faut pour t’en faire des envies.

Tu y trouveras le souffle des hommes d’autrefois

Qui mettront dans ta bouche l’écho de leurs émois.

Tu ne seras jamais seule à courir le chemin

La joie t’accompagnera et te fera festin

De caresses légères et d’harmonies subtiles

Qui réchaufferont tes os et ton âme fragile.

Tu n’auras jamais froid, tu n’auras jamais mal

Tu seras à l’abri de ta vie bacchanale,

Il n’y a rien à attendre de rêves raisonnables

Enfourche un éléphant et tire la queue d’un diable.

Des ailes nouveau-nées te pousseront dans le dos

Robustes et puissantes, vous volerez si haut

Qu’il n’y aura que l’azur pour te faire plafond

Ou bien moucheté d’étoiles un marine profond. »

J’étais interloquée mais j’ai tenté ma chance

J’ai trouvé une lame et gorgée de confiance

Me suis tranchée la tête d’un geste enthousiaste.

Je pars à l’aventure des empires les plus vastes.

Souhaitez moi bon voyage, je reviendrai un jour

Vous raconter l’histoire des fleurs aux alentours…


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