À chaque fois

Chaque fois,
Moi j’aime plus rien, j’aime plus personne
Je me sens mourir comme l’automne
Qui regarde s’avancer décembre
Rien qui ne puisse arrêter ça.
Chaque fois,
Je sais plus lire, rire ou dormir
Je n’ai plus faim, je n’ai que froid
Je sais plus quoi faire de mes dix doigts.
Je reste là devant l’avenir
À le guetter comme un vieux chat
Qu’a tout son temps, qui renonce pas,
Rien qui ne puisse empêcher ça.
Chaque fois,
La même plongée dans une mer d’huile
Où le temps s’étire si tranquille
Qu’on le croirait mis aux arrêts.
J’ai beau souffler sur toutes les voiles,
Les galériens de ma misère
Ont beau ramer jusqu’au calvaire
Y’a pas moyen d’aller plus vite
Rien qui ne fasse avancer ça.
Chaque fois,
La même lumière sur l’évidence
D’être allée plus loin que la chance,
J’erre sur tous les pores de ma peau
À la recherche de l’écho
Qui dit encore tout ce qui fût,
Tout ce qui fait que je ne suis plus
Qu’un arc bandé par l’attente,
Un sablier qui se lamente,
De l’étroit piège de ma courbe.
Rien qui ne puisse changer ça.
Chaque fois,
Plus que la dernière fois
Je sens gronder la vaine colère,
Combien de cercles à cet enfer?
Je m’inocule le poison,
Le fer rouge du soupçon.
Ne suis-je pas seule dans cette prison?
Mais je vole plus haut que le doute
L’instinct me signifie la route,
Comme aux oiseaux aux plumes trop fines
Pour vivre les heures gabardines
Ailleurs qu’au loin de nos branchages.
Rien qui ne puisse contrarier ça.
Chaque fois,
Me revoilà dans la prière
Moi qui ne croit pas aux chimères
Faites qu’il revienne, rendez le moi.
Chaque fois,
À chaque fois que tu t’en vas...


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