Je coucherai les mots au papier de ta peau
Leur caresse de plume te gardera au chaud,
Ils te diront le ciel fragile des crépuscules
Quand l’hiver les étreint de nuages somnambules.
Ils te diront l’histoire des poupées magiciennes
Qui n’aiment qu’une fois, qui pleurent mais qui reviennent
Avec des yeux de chat pour entendre la nuit
Tout ce qui ne se dit pas autrement que sans bruit.
Ils poliront d’espoir des matins bergamasques
Le soleil attendri de la lumière fantasque
Qui éclaire les cœurs de chuchotis d’avril
Maladroits comme les jambes d’un pantin sans ses fils.
Ils seront le sourire qu’on pose sur les jours
Où l’on se sent trop las pour supposer l’amour.
Quand nos envies fébriles ne tiennent plus la distance
Que le vacarme du monde nous impose silence.
Ils te feront dormir d’un sommeil plus que doux
La lune s’attendrira de tes rêves les plus fous,
Elle fournira aux hommes, aux dieux et aux étoiles
Des brises inconnues pour souffler sur ta voile.
Ils seront le bonnet, le foulard et le gant
Qui te réchaufferont, te garderont vivant
Malgré les déchirures de ton âme indocile
Ils deviendront l’armure de ton cœur fragile.
Ils te diront qu’hier ne vaut mieux que demain
Et qu'il n’est qu’aujourd’hui pour marcher le chemin.
Ils te chanteront l’automne qui voit mourir les roses
Et l’ardeur des amants qui fait naître tant de choses.
Dans les soirées d’orage, quand le ciel en furie
Oblige à rester sage, ils deviendront l’abri.
Ils te serviront l’eau, le vin et le nectar
Tu vivras en ivresse des flacons les plus rares.
Et si tu crois un jour qu’il n’y a plus de place
Que ton corps n’en peut plus de leurs maudites traces
Je t’ouvrirai les veines et ferai de ton sang
L’encre de mes poèmes asséchée par le temps.
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