Tu me consoles

Tu me consoles du froid qui traîne sur juillet
Et du jour qui se meurt dans l’aube du soir qui penche
Caressant comme un saule qui fait danser ses branches
Sur les joues des enfants arrondies de vacances.
Tu me consoles des hommes et de leur vanité
Des échos de leurs cris qu’ils s’hurlent les uns les autres
Sans voir que tout autour c’est la vie qu’ils déchirent
Pas celle de leurs ennemis mais celle de leurs enfants,
Des feuilles et des plumes, le chant des océans
Qui s’éteint dans la brume de nos âmes en délire.
Tu me consoles des nuits passées à m’étourdir
De larmes inutiles sur des chagrins stériles
Combien de temps perdu à pleurer sur hier
À craindre pour demain du bonheur adultère?
Quand il n’est que l’instant à vivre en vérité
Dépenaillé de peur, de mémoire, de raison.
Tu me consoles des heures que je ne vivrai jamais
Ces rues du bout du monde que j’aurais tant aimées
Si la vie était longue à ne devoir choisir 
Que pour quelques secondes nos envies de partir.
Les rayons et les ombres couchés dans le lointain
Qui ne caresseront pas la paume de mes mains.
Tu me consoles du vide d’absences un peu trop lourdes
D’âmes perdues en chemin qui m’avaient laissée sourde
Aux appels des sourires de la vie ordinaire.
Blottie dans mon chagrin cotonneux et fidèle,
Comme les plumes des oiseaux impérieuses à leurs ailes
J’en avais fait ma cage, la couleur de mon ciel.
Tu me consoles des pages que je ne lirai pas
Et même de toutes celles que je n’aurai noircies
Troquées soir après soir contre la douce fatigue
De mon corps repu par ta bouche prodigue.
Tu me consoles du bruit , du laid et du silence
Et du temps qui nous cerne dès les matins d’enfance.
Tu me consoles de tout ce que je sais déjà
N’être qu’un tour de piste que l’on passe ici-bas
À s’inventer des vies de rêve ou de misère
Qu’on pense et qu’on projette en oubliant parfois
De simplement les vivre de l’intérieur de soi.
Tu me consoles de tout, tu me consoles de moi
De tout ce que je suis, de tout ce que je ne suis pas.


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